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VANITAS VANITATIS



vanitas par l artiste peintre Laurence SIMON

… et voluptatis : car enfin on ne peut voir, regarder, admirer un tableau de Laurence Simon sans éprouver à la fois le vertige et la finitude des choses, des êtres, du monde, et le plaisir infini de cette représentation. Grand art que celui de l’artiste qui peint nos restes, la dépouille de nos jours et de nos nuits, la désagrégation des choses, un drap, une bâche, le chicot d’une colonne dorique, l’entablement brisé d’une fenêtre disparue, ou un morceau cassé de bastingage, une aile sans l’oiseau qui volait avec , bref : tout ce grignotage du temps qui nous donne les absences de la vie. Des clous, d’un navire ou d’une croix dont il ne reste presque plus rien sur une plage, et l’ombre torturée d’un bois flotté, les lambeaux d’une voile qui ne flotte plus mais qui fait ses derniers plis sur le sable, soupire, expire à la vague et au vent, un entrelacs de choses qui bat les temps et raconte l’existence, souvent des épaves marines ou terrestres de tempêtes. Des tempêtes de la vie.

Les toiles, comme les dessins sont lisses et caressent la main en représentant le temps, en nous présentant le temps à l’œil et à la paume : c’est un toucher voluptueux et le regard se suspend dans ce monde où l’absence même se désagrège, une perte totale de conscience comme un dernier orgasme. Laurence Simon ne peint pas la vie, elle nous offre à voir jusqu’au trouble le dernier passage. Elle peint le sablier d’où le sable s’est échappé. Sur le verre bombé, les reflets du temps dans les reflets de ses oripeaux. La terre de Sienne volée à Giacopo Carucci dit Pontormo, dans ce tango rouille de carrioles vides, Loggia Nuova, Florence, et les tableaux d’un souvenir, du souvenir d’une vie encore en vie, ont pour titre : Carucci, en souvenir des joues roses du peintre florentin. En souvenir… quand le temps vide et lisse tout, sauf la force, l’énergie, la volupté créatrices.

Laurence Simon, comme tout grand créateur, pousse toujours le même cri et nous donne à voir, dans chacune de ses œuvre, son autoportrait. Elle nous donne le temps intime qui abandonne les choses comme les témoins labiles d’une vie, elle nous donne le désir d’un carpe diem, de cueillir l’instant, l’heure qui passe, d’en emplir nos vies avant que lambeaux de tissus, lambeaux de pierres, lambeaux de chairs ne s’envolent aux quatre vents, au dernier déhanchement des souvenirs. Elle nous tend son œuvre de passion, obstinée et sereine, et chacun pourra y découvrir les vertus d’une renaissance sur les bris du monde.

JEAN-NOEL SCHIFANO
Ecrivain, Traducteur








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APropos de Laurence Simon    CNIL réf: 1050096 2004 © Laurence Simon